dimanche 29 septembre 2024

Marilyn Jess

 

Avec Brigitte Lahaie, Marilyn Jess (Dominique Troyes de son vrai nom) est l’autre grande star féminine du cinéma X français (n’oublions pas non plus les pionnières Sylvia Bourdon et Claudine Beccarie). Parties de chasse en Sologne et Les petites écolières, où les deux icones n’ont aucune scène en commun, peuvent être vus comme des passages du témoin, Brigitte arrêtant sa carrière dans le X peu après. Née en 1959 en région parisienne dans une famille très prude (« C’était très tabou chez moi, le cul. Ma mère zappait même Benny Hill… »), c’est par les photos de charme que la toute jeune Dominique (18 ans) intègre de fil en aiguille, sous pseudo Marilyn (pour Monroe, of course) Jess (nom du magasin de fringues où elle se fournissait), l’univers du porno, avec son compagnon de l’époque Didier Humbert. C’est d’ailleurs avec lui qu’elle tournera ce qui sera sa seule scène de sodomie à l’écran pour le Gamines en chaleur de Jean Rollin (celles d’Adorable Lola et de d’Initiation d’une jeune marquise étant doublées). Celle que l’on surnomma « Patinette » ou « Platinette » en raison de sa belle crinière blonde fit alors, par sa grâce juvénile et sa vitalité, le bonheur de la plupart des réalisateurs majeurs du genre, en particulier Gérard Kikoïne qui la dirigera à une dizaine de reprises. C’est Frédéric Lansac qui fit d’elle une vedette en lui confiant le rôle-titre (et muet ! Ce qui ne l’empêche pas d’y être très expressive…) de La femme objet. Sa carrière durera une dizaine d’années pour près d’une centaine de films. Comme d’autres « collègues de travail », elle y mettra un terme en raison de l’arrivée du SIDA. Elle a également fait des romans-photos et fût l’égérie du journal satirique Hara-Kiri. Son compagnon Didier Humbert étant décédé dans un accident de la route, elle est en couple depuis 1984 avec Didier Philippe-Gérard alias Michel Barny, réalisateur du remarquable Mes nuits avec... Alice, Pénélope, Arnold, Maude et Richard, avec qui elle a eu deux enfants. Après avoir travaillé quelques temps dans des peep-shows, elle se reconvertie dans la vente de tableaux dans une galerie d’art. A l’instar de quelques autres figures de « l’âge d’or » du X encore de ce monde, elle participe à sa nostalgie et sa « réhabilitation » via des évènements ponctuels comme l’édition de livres ou de DVD / Blu-Ray à son effigie. C’est à cette occasion que j’ai eu la chance de rencontrer la toujours vive et enjouée Marilyn, au printemps 2023 dans un sex-shop parisien, transformé pour l’occasion en une rétrospective de sa riche carrière. Et je l’prouve ! Bon, y’avait deux autres gars et l’un des deux auteurs du bouquin Marilyn Jess, les films de culte… Visite de la galerie (photos, tableaux, objets…), dédicace du livre, quelques photos et basta. Des questions, si je les avais préparées, j’en aurais eu des tonnes (en particulier : « COMMENT FAIT-ON, surtout la PREMIERE FOIS ? ») mais ce n’était pas le lieu. Par contre, si je puis me permettre, elle a hélas (de mon point de vue, bien sûr) succombé à l’horrible mode des tatouages envahissants (sur les bras)…

Vous n'espériez tout de même pas voir ma tronche... Si ?


Films et rôles notables :

La femme objet (Frédéric Lansac, 1980)

Dans la chaleur de Saint-Tropez (Gérard Kikoïne, 1982)

La vorace (Alan Vydra, 1981)

Et aussi : Adorable Lola (Gérard Kikoïne, 1981), Chaudes adolescentes (Gérard Kikoïne, 1981), etc...









































Bon, allez, sur ces bien belles images, petite pause…

jeudi 26 septembre 2024

Richard Allan

 

Né Lemieuvre dans la cité phocéenne (ce qui me fait au moins un point commun avec lui, même si j’en aurais préféré un autre…😄) en 1942, Richard Allan est sans conteste, avec son compère Alban Ceray, l’acteur pornographique français le plus emblématique, surnommé « Queue de béton » par un journaliste (ce qui donnera l’idée à Michel Caputo de réaliser un film portant ce titre) et membre des « Quatre mousquetaires » du X français (avec Ceray, Dominique Aveline et Jean-Pierre Armand). L’histoire est désormais connue : dépucelage et goût pour la bagatelle précoces, découverte par la pionnière Sylvia Bourdon de ses talents « d’artilleur » lors d’une « soirée », débandade (c’est le mot) sur son premier roman-photo puis mise au point d’une technique visant à dissocier son sexe de son cerveau. A partir de là, c’est l’autoroute vers le succès : environ 400 films (en comptant les inserts) en une dizaine d’années, avant de raccrocher au mitan des années 80 par crainte du SIDA. Sa femme Liliane, avec qui il a débuté dans le milieu, épouse elle aussi une carrière d’actrice pornographique. Tout au long de ce parcours, il est également, en plus de ses rôles, directeur de casting et pourvoyeur de lieux de tournage. Entre les tournages et les soirées libertines, notre homme aura « trempé son biscuit » dans 8000 (!!) « bols » différents (son autobiographie 8000 femmes, publiée en 2010 puis remaniée et enrichie en 2022 sous le titre Aventures sextraordinaires), là où Ceray revendique quant à lui 10000 conquêtes. Eh, les gars, faudrait songer à en laisser pour tout l’monde ! Les anecdotes : Maurice Pialat, visiblement amateur de « boulards », trouve qu’il a « une gueule » et lui fait tourner deux scènes, non retenues au montage, pour son Police de 1985. Et lors d’un dîner dans le restaurant d’André Pousse, celui-ci lui dit : « Je te serre la cuillère, mon pote, on fait le même métier mais pas avec le même costard ». Depuis plus de vingt ans, il est désormais artisan-chocolatier dans la région normande et, histoire de faire « perdurer la légende », propose une gamme de chocolats érotiques.

A contrario de Brigitte Lahaie, je préfère infiniment l’acteur à l’homme, qui a viré « réac » de façon assez caricaturale, s’inscrivant dans la tendance lourde (dans tous les sens du terme) de la société française (et européenne). En effet, son Facebook, où, entre de multiples publications de soutien à la cause animale, il relaie quelques posts à caractère politique, ne laisse guère planer de doute quant à son inclinaison pour le parti de la rentière de Montretout et du Tik-tokeur « bien dégagé derrière les oreilles » ou pour le groupuscule mort-né du « Z ». A ce titre, et même si de l’eau a coulé sous les ponts et que le cinéma X ne fait plus débat (puisqu’il n’existe plus), le voir basculer dans le camp idéologique de ceux qui étaient les plus farouches opposants à son « domaine d’activité » a quelque chose d’assez cocasse et pour tout dire, d’un peu pathétique. La vieillesse est un naufrage, dit-on…

Films et rôles notables :

La femme objet (Frédéric Lansac, 1980)

Le droit de cuissage (Burd Tranbaree, 1980)

Avec sa femme Liliane dans Queue de béton (Michel Caputo, 1979)

L'initiation d'une femme mariée (Burd Tranbaree, 1983), etc...


50 nuances d'Allan...

mardi 24 septembre 2024

Brigitte Lahaie

Nouvelle rubrique. Et ouais, faut toujours varier son « contenu », même quand on fait, comme moi, dans le bénévolat… Je me propose ainsi de faire épisodiquement un focus sur la carrière des principaux acteurs (masculins et surtout féminins) de cet « âge d’or » de la pornographie française. Une tâche délicate étant donné le très faible nombre d’informations à notre disposition sur ce milieu à tout le moins opaque et sur celles et ceux qui l’ont façonné. L’occasion toutefois de rêver avec les jolis minois de ces déesses de l’Amour. Je commence tout doucement par le plus facile avec la plus célèbre des « hardeuses » françaises, qu’on ne présente plus.


Tout le monde ne connait pas Marilyn Jess. Mais tout le monde connait Brigitte Lahaie, à moins d’avoir vécu les cinquante dernières années dans une grotte. Même ma daronne, c’est dire… Et oui, c’est comme ça, dans le porno comme chez les fourmis, il y a la « reine » et les « travailleuses ». Et dans le porno, la reine, c’est Brigitte. Née Vanmeerhaeghe (à vos souhaits, on comprend pourquoi elle a pris un pseudo…) en 1955 dans la ville (Tourcoing) de notre désormais ex-ministre « du dedans » possiblement adepte du « droit de cuissage » (il a le dard malin…), au sein d’une famille de la petite bourgeoisie, elle intègre le circuit du cinéma porno via les magazines de nus. De 1976 à 1980, elle tourne dans une centaine de films (dont beaucoup où elle n’a qu’une seule scène), réalisés par la plupart des « maîtres » du genre (Tranbaree, Lansac, Leroi, Kikoïne…) puis se dirige vers le cinéma « bis » / d’exploitation. Sa plus grande collaboration hors porno est celle avec Jean Rollin (sept films, dont un seul porno, Vibrations sexuelles en 1977). Selon sa formule, après « des grands rôles dans des petits films », elle a ensuite quelques « petits rôles dans des grands films » (enfin, « grands »… I… comme Icare de Verneuil, Diva de Beineix ou Pour la peau d’un flic de et avec Delon). Elle ne nous épargne pas le passage par les « cases » chanson (un seul titre, passé totalement inaperçu) ou bouquin (Moi, la scandaleuse, avec passage au Apostrophes de Pivot en 1987) et intègre également la troupe des Grosses Têtes de Bouvard. Mais c’est à l’orée des années 2000, qu’elle trouve véritablement sa voie (« voix » avec un… X, ça marche aussi), d’abord sur RMC (2001-2016) puis sur Sud Radio (depuis 2016), en présentant Lahaie, l’amour et vous, une émission quotidienne pendant laquelle elle tente de résoudre les problèmes de cœur et de… cul des hommes, femmes ou couples qui se livrent à elle.

Comme je l’avais déjà souligné, je préfère personnellement la femme, plutôt attachante, à l’actrice, notamment pour ses prises de position parfois certes maladroites mais tentant d’introduire un peu de nuance dans l’hystérie ambiante post #MeToo, ce qui lui valut inévitablement quelques désagréments.

Films et rôles notables :

Parties fines / Indécences 1930 (Gérard Kikoïne, 1977)

Je suis à prendre (Francis Leroi, 1978)

Les petites écolières (Frédéric Lansac, 1980)

Couple cherche esclaves sexuels (Patrick Aubin, 1979)

La rabatteuse (Burd Tranbaree, 1978)

La filmographie, c’est ici

vendredi 20 septembre 2024

2 sœurs lubriques (Jouir !)

 

2 sœurs lubriques (ou Jouir !) (1978)

De : Gérard Kikoïne

Avec : Morgane (Alice Moreau), Patrice Chéron (Frédéric Aumont), Cathy Stewart (Norma, la sœur d’Alice), Hervé Amalou (Alex, l'amour de jeunesse d’Alice), Diane Dubois (Muriel), Dominique Aveline (Tony), Alban Ceray (Laurent, l'éditeur), Michel Tureau (le psychiatre, rôle non hard), Joël Charvier (le photographe), John Oury et Virginie Caillat (les mannequins), Guy Royer, Claude Janna et Jean-Louis Vattier (les partouzeurs en voiture), Daniel Bellus (Christian, le garagiste, rôle non hard), Natalie Perrey (Mado, la mère d'Alice et Norma, rôle non hard), Pitof (Bobby, rôle non hard), Pierre B. Reinhard (un voyeur devant la boutique, rôle non hard).

Alice (Morgane) est mariée à Frédéric, un écrivain (Patrice Chéron). Un jour, elle est victime de cauchemars et de crises d’angoisse hallucinatoires en lien avec sa débauchée sœur défunte, Norma (Cathy Stewart)…

Tiens, un « Kiko » qui était passé entre les mailles du filet, non réédité en DVD par Blue One… Là j’avoue, la jaquette est « gratinée ». En même temps, il n’y a pas tromperie sur la marchandise, c’est bien le genre d’images que vous vous attendez à voir dans ce type de films, non ? Un Kikoïne première époque, donc plus soucieux du développement du script que porté sur les tics de mise en scène tape-à-l’œil un peu vains, dans la veine des Leroi, Barny et Lansac (ce dernier signe le scénario). La vie du couple formé par Patrice Chéron (doublé pour le hard - hors cunnilingus - comme dans Parties fines et L’infirmière) et Morgane bascule quand celle-ci se trouve en proie à des crises d’angoisse et de nymphomanie de plus en plus fréquentes, comme si elle devenait possédée. Chéron va alors mener sa propre enquête pour démêler les fils de cette mystérieuse histoire. Elle va le mener chez son « ex » Muriel (Diane Dubois), le psychiatre, la mère et l’amour de jeunesse de Morgane ou encore un garagiste. Il apprendra l’existence d’une sœur, Norma (Cathy Stewart). Parallèlement, Aveline, l’amant de Dubois qui a eu vent de tout ça, va tenter de faire chanter Chéron en photographiant Morgane, toujours sous emprise de ses pulsions, dans des poses lascives et dénudées. Les scènes finales nous permettront de comprendre le comportement de Morgane.

Le film baigne dans une ambiance plutôt sombre et inquiétante, parfois onirique voire flirtant avec le fantastique (la scène du magasin de vêtements où les mannequins s’animent). Le choix des musiques (psychédéliques, expérimentales, rock n’roll…), déjà entendues dans des Leroi, Barny ou Lansac, est tout à fait pertinent. Le thème des deux sœurs aux caractères antagonistes fait immédiatement écho à celui de Bourgeoise et… pute (1982), tous deux bénéficiant par ailleurs d’un « twist » final dont Kikoïne a le secret. Pour ce qui est du sexe, les deux scènes les plus hard sont à mettre au crédit de la furie Diane Dubois : pilonnage anal par Aveline (séquence figurant dans le film « making of » La vitrine du plaisir) et fellation goulue sur celui-ci, qu’elle termine le visage barbouillé de semence (!). Parmi les petits rôles, on reconnait Pitof (oui, le mec de Vidocq et Catwoman dans les années 2000), également assistant régisseur et Pierre B. Reinhard, futur réalisateur.

Une histoire, des scènes de comédie non réduites à la portion congrue, une réalisation inventive, quelques séquences hard fortes, voilà qui nous change des encéphalogrammes plats d’Aubin, le saut qualitatif est évident et bienvenu, c’est le jour et la nuit. Si tous les films X (ou beaucoup plus d’entre eux) étaient comme ça, ce genre serait peut-être davantage pris au sérieux.


https://fr.xhamster.com/videos/classic-french-2-soeurs-lubriques-8307810

mercredi 18 septembre 2024

Documentaire : L’âge d’or du X


Quelle connerie, ce doc ! Heureusement, il ne m’aura coûté que 3 balles pour un peu moins d’une heure de programme en VOD (2,99 euros très précisément), là où le (double) DVD dépasse les 20 euros en occasion sur les sites de commerce en ligne… Cela m’aurait fait mal au c** ! Les auteurs (Nicolas Castro et Laurent Préyale) se proposent donc de revenir sur ce fameux « âge d’or » du cinéma X français dont je vous bassine à longueur de pages depuis plusieurs mois (ce qui est logique puisque c’est justement l’objet de ce blog !) 😄… La forme est originale. En effet, un journal télévisé « vintage » des années 70, avec un présentateur singeant l’inénarrable Roger Gicquel (« La France à poil » en lieu et place du célèbre « La France a peur »), replace cette « parenthèse enchantée » dans le contexte politico-historique de l’époque : fin du gaullisme et du « flower power » hippie, arrivée de Valéry Giscard d’Estaing à la Présidence de la République, libération sexuelle dans la foulée de Mai 68… Quelques images d’archives, avec notamment une interview du très conservateur maire de Tours de l’époque, Jean Royer (aucun lien de parenté avec l’omniprésent « hardeur » Guy Royer, enfin, j’imagine 😁), qui fit interdire des films dans sa bonne ville. Mais tout ça n’est que survolé, on n’apprend rien qu’on ne sache déjà : le choc Deep Throat, la déferlante porno qui s’ensuivit puis l’avènement de la « loi X », contournée sous Giscard avant que les socialos, pourtant hostiles à cette loi quand ils étaient dans l’opposition, ne sifflent la « fin de la récréation » en l’appliquant avec une rigueur toute policière (rien de neuf là aussi, à partir de 1983, ils ont toujours fait l’inverse de ce pour quoi ils ont été élus…). Les intervenants sont le producteur d’Alpha France / Blue One Francis Mischkind, le réalisateur Jean-François Davy (auteur du culte Exhibition), les acteurs et actrices Brigitte Lahaie et les plus rares Denise Lascène alias Diane Dubois et Alain Plumey / Cyril Val (qui fût longtemps gestionnaire du Musée de l’Erotisme du boulevard de Clichy jusqu’à sa fermeture en 2016). Sans surprise, tous mettent en avant la liberté, la transgression et l’hédonisme qui régnaient ces années-là. Bref, je ne recommande pas ce documentaire sur ce sujet qui aurait mérité, sans mauvais jeu de mot, un développement plus… fouillé. A titre de comparaison, A la recherche du premier boulard (qui traite de cinéma pornographique au sens plus large) et L’enfance du hard (dont je n’ai pu voir qu’un extrait), de durées équivalentes, sont bien plus intéressants. Le second DVD, Brigitte et moi, est visiblement un détournement basé sur le montage de films avec Brigitte Lahaie.

jeudi 12 septembre 2024

Cycle Patrick Aubin (7) : Aventures extra-conjugales / Femmes seules pour un dragueur

Allez, courage, on touche au but ! Avant-dernier volet de cette rétrospective Patrick Aubin avec deux nouveaux films issus de la « queue de comète » de « l’âge d’or » (1982-1983). Au programme : adultères, libertinage et « chômache, gross malheur ! »…


Aventures extra-conjugales (1982)

Avec : Jacky Arnal (Bertrand), Claudia Von Stadt (Jenny), Isabelle Brel (Annie), Cathy Ménard (Clara), Hare Krane (la soumise de Clara).

Bertrand (Jacky Arnal) a du mal à satisfaire sexuellement sa femme Jenny (Claudia Von Stadt). Celle-ci prétexte un deuil familial pour rejoindre son amant pendant quelques jours. Bertrand se retrouve libre et va enchainer les rencontres coquines : la femme d’un copain et son amie (Cathy Ménard et Hare Krane), une vendeuse de livres (Isabelle Brel), une ancienne élève ou encore un couple d’amis qu’il héberge pour une nuit.

Le grand dadais Jacky Arnal (et sa petite moustache…), vocalement doublé par Hubert Géral, est donc le héros de cette histoire de couple qui se trompe pour mieux se retrouver. Rien de nouveau sous le soleil, donc. Beaucoup d’acteurs et actrices ne sont pas crédités ni identifiables, au sein d’un casting renouvelé, signe du changement d’époque. C’est comme les équipes de foot, le personnel des « fast-foods » ou le gouvernement français, y’a beaucoup de « turn-over » ! Les « figures » sont habituelles, juste « pimentées » par une double-pénétration (Arnal et le couple d’amis) et ce qui est possiblement un clin d’œil au Echanges de partenaires de Lansac (Arnal prend son ancienne élève allongée sur une moto et tenant le guidon, comme le faisait Olivia Flores dans le film sus-cité). La fabuleuse Cathy Ménard, sous-utilisée, ne fournit pas sa meilleure prestation. C’est plutôt Claudia Von Stadt qui tire les marrons du feu avec un doigtage anal par son amant et une gorge profonde sur Arnal. Comme de coutume, les participant(e)s baisent sur commande et ne pensent qu’à ça, tout conflit est gommé et les infidélités sont pardonnées et même encouragées, Von Stadt proposant à Arnal un ménage à trois avec son ancienne étudiante. Ah, si ça pouvait être pareil dans la « vraie vie », les tribunaux jugeant les affaires de divorces seraient désengorgés…

Allo, Eric ? Je suis en train de me faire « grand-remplacer » et ma foi, c'est pas désagréable...



Femmes seules pour un dragueur (1983)

Avec : Dominique Aveline (Jean), Claudia Von Stadt (Marie-Ange), Maria Faifer (Chantal), Isabelle Brel (Violette), Carole Piérac et Jacky Arnal (le couple sur la route), Masha (la femme au vidéo-club).

Jean (Dominique Aveline) se fait renvoyer par son patron car il se faisait trop pressant sur Chantal, la dactylo (Maria Faifer). Désormais oisif (donc libre), il n'ose avouer la chose à sa femme Marie-Ange (Claudia Von Stadt) et erre dans Paris. Il se met alors en « recherche active » de… conquêtes féminines.

Alors tout d’abord encore un grand bravo aux gars d’Alpha France pour le titre sur la jaquette… Femmes seules pour un drageur… « Drageur », vraiment ? C’est celui qui fabrique les dragées ? No comment… On retrouve à nouveau Claudia Von Stadt, Isabelle Brel et Jacky Arnal mais c’est Dominique Aveline, lui aussi post-synchronisé par Hubert Géral, qui tient le rôle principal. Il est donc Jean, un homme qui se fait licencier pour harcèlement sexuel sur la dactylo (alors que c’est elle qui s’est jetée sur lui puis l’a dénoncé pour ne pas perdre elle-même sa place)… Voilà qui fait écho à notre époque, où les affaires de ce type ressortent en masse (Depardieu, PPDA et même… l’Abbé Pierre !) mais aussi à celle du film. 1983, c’est en effet le « tournant de la rigueur », les « restructurations » (euphémisme pour « désindustrialisation »), le « chômage de masse » et bientôt les Restos du Cœur… Le scénario rappelle un peu celui des Petites filles de Leroi (la rencontre dans un cinéma porno, le jeu au Loto en lieu et place du Tiercé…), même si là, la désertion du salariat était volontaire. Le résultat est toutefois le même : notre homme se retrouve à errer et à profiter de cette nouvelle liberté. Pour une fois que le porno délaisse les grands bourgeois oisifs pour aborder, même en surface, le monde du travail, on ne va pas s’en plaindre. Complètement à contre-courant de l’actuelle doxa dominante productiviste, je ne puis que me réjouir de voir un homme sortir de l’aliénant joug économique pour jouir - c’est le cas de le dire - de son temps libre retrouvé. Pour en revenir au film, Aveline assure « comme une bête », pas étonnant qu’on le surnommait « le Martien » ! Il va aller de rencontres en rencontres, dans un vidéo-club porno, en draguant dans la rue, sur la route… Et alors qu’il était sur le point d’avouer la perte de son emploi à sa femme (Claudia Von Stadt), il gagne au Loto. Une vraie chance de cocu ! Et c’est effectivement le cas puisque Von Stadt, sujette à des rêves érotiques sado-maso, se fait draguer… par un ami libertin d’Aveline. Dès lors, vous aurez deviné de vous-même le prévisible dénouement : les deux époux se retrouvent par surprise dans la partouze finale regroupant tous les protagonistes. A l’arrivée de sa femme, Aveline, en plein « effort », lâche : « Je suppose que tout commentaire est superflu ? ». Et oui, « il vaut mieux faire que dire », comme diraient Alfred de Musset et, dans une variante (« Nous allons davantage agir que parler »),… Michel Barnier...

On est cinq, on ne va pas pouvoir jouer à la belote, qu'est-ce qu'on va bien pouvoir faire ?