jeudi 29 août 2024

Cycle Patrick Aubin (3) : Perversités suédoises / Jeunes danoises au pair

Me voila de retour, et avant que nous ayons un nouveau Premier Sinistre s’il vous plait (si on en a un un jour…), pour poursuivre ce cycle sur le cinéaste Jean-Claude Roy. Et, chose incroyable et absolument pas préméditée, alors que je rentre d’une semaine de vacances en Norvège, que vois-je en parcourant sa filmographie ? Perversités suédoises et Jeunes danoises au pair ! Si ce n’est pas un signe du destin, ça… Mais à vrai dire, elles pourraient être espagnoles, hongroises ou chypriotes que ça ne changerait rien à l’affaire…


Perversités suédoises (1977)

Avec : Carole Gire (Greta Garlof), Barbara Moose (Bibi Steller), Alban Ceray (Joseph, le cuistot), Florentina Fuga (Micheline, la soubrette), Jean-Louis Vattier (Gaston), Roger Trapp (Léopold, le gendarme, rôle non hard), Joëlle Le Quement et Myriam Watteau (des clientes), Charlie Schreiner (un client), Raymond Ximay (un ingénieur), Nadine Pascal (une ingénieure), Dominique Aveline (Georges Brun).

Bibi et Greta (Barbara Moose et Carole Gire), deux ravissantes Suédoises, arrivent au village de Bitembois pour prendre possession de l'auberge dont elles ont hérité. Mais l’affaire bat de l’aile. S’apprêtant à partir, elles découvrent inopinément une nappe de pétrole sur le terrain de la propriété.

Ces Perversités suédoises reprennent, ou plutôt inaugurent, le style des Zizis en folie du même réalisateur, avec son village de Bitembois, ses personnages pittoresques (le simplet chaud lapin, le gendarme couillon…) et son ambiance bon enfant. Les séquences sexuelles, dominées par le toujours vaillant Alban Ceray dans le rôle du cuistot (« Quel baiseur, quel cuisinier ! Un maître queux et une queue de maître ! » dixit Carole Gire) et très convaincantes, sont entrecoupées de gags dignes des Charlots ou de Benny Hill, sur fond de musique jazzy ou humoristique. Les doublages voix ne correspondent pas forcément au physique de certains protagonistes masculins (Aveline notamment). Le scénario (ou l’argument) est risible. Bref, tout ça ne vole pas bien haut mais le côté naturaliste, désuet et dénué de toute violence (même « acceptée ») pousse néanmoins à l’indulgence. Pour ce qui est des « curiosités », Joëlle Le Quement s’introduit quatre bougies dans l’entrejambe et Ceray soulève un poids avec son sexe. Il faut toujours faire de l’exercice pour maintenir sa forme…

Le gendarme, l'anisette... Franchouillard, isn'it ?



Jeunes danoises au pair (1984)

Avec : Carole Piérac et Marianne Aubert (les filles au pair), Alban Ceray (Gérard), Olivia Florès (Irène, la femme de Gérard), Jacky Arnal (M. Bertrand), Cathy Ménard (Bénédicte, la secrétaire de Gérard), Jean-Pierre Armand (M. Zimmermand), Christophe Clark (l'homme du bois de Boulogne).

Deux Danoises débarquées à Paris comme jeunes filles au pair (Carole Piérac et Marianne Aubert) bouleversent la vie conjugale de Gérard et de sa femme Irène (Alban Ceray et Olivia Florès). Grâce aux avenantes Scandinaves et à Bénédicte, sa nouvelle secrétaire (Cathy Ménard), Gérard parvient même à conclure une juteuse (sic) affaire avec M. Zimmermand (Jean-Pierre Armand).

Changement d’époque et de décor pour ce Jeunes danoises au pair, toujours mis en boite par Aubin et ses fidèles Pierre Robes à la photographie et Philippe Bréjean sous pseudo Gary Sandeur à la bande sonore (toujours jazzy un peu générique). Alban Ceray est à nouveau de la partie. On le retrouve en bien belle compagnie : Olivia Florès, Marianne Aubert, Cathy Ménard (elle, c’était vraiment quelque chose. Et avec des lunettes, en plus, mmm…) et Carole Piérac, que je croise ici pour la première fois dans un rôle d’importance. Les autres « queutards » de service se nomment Jean-Pierre Armand, le presque bien nommé Jacky Arnal et Christophe Clark, qui n’était alors qu’au début de sa (très) longue carrière. Les quelques notes d’humour dans les dialogues ou situations et le charme des participantes ne suffisent toutefois pas à déparer l’ambiance tristoune et grisâtre de ce métrage. Las, la « parenthèse enchantée » s’est bel et bien refermée. Aubin lui-même, sans doute harassé et ne disposant plus d’aucun budget, va confier la direction de ses dernières réalisations à un chef opérateur et un acteur reconverti. Aussi maussade qu’un temps scandinave, en somme.

Cathy forever...

lundi 12 août 2024

Docu Radio France : L’âge d’or du cinéma pornographique

« Finalement, le bonheur, c’est jamais ce qu’on a, c’est toujours ce qu’on a perdu. » (Francis Mischkind)


Merde, j’ai encore pas tenu parole ? J’avais dit un « bon moment » ! Bon, alors disons que c’était dans l’autre sens du mot « bon » (« veut du bien, fait du bien »)… Mais de toutes façons, je vais me barrer loin de ce pays (dans une semaine et pour une semaine) alors autant lâcher un dernier post avant de faire mes valises…

Voici donc un doc radiophonique de 54 mn sur cette fameuse période magique, hélas assez courte, où le porno rimait avec 35 mm, grand écran et salle de cinéma, avec des interventions de : Michel Barny, Gérard Kikoïne et Catherine Breillat (cinéastes), Richard Allan, Alban Ceray et Marilyn Jess (comédiens), Francis Mischkind (producteur et distributeur d’Alpha France / Blue One), Jean-François Rauger (Directeur de la programmation à la Cinémathèque française) et le gérant et un spectateur du cinéma Le Beverley (dernier établissement à avoir diffusé ces films et qui ferma ses portes en 2019). Soit, avec Brigitte Lahaie et Jean-Pierre Armand, les derniers acteurs majeurs de cette « parenthèse enchantée » encore de ce monde, plus des regards « extérieurs ». Et des extraits sonores de : La femme objet (Frédéric Lansac, 1980), Le sexe qui parle (Frédéric Lansac, 1975), Mes nuits avec… Alice, Pénélope, Arnold, Maud et Richard (Michel Barny, 1976) et Parties de chasse en Sologne (Burd Tranbaree, 1979). J’ai bien aimé les propos de Breillat et Rauger, ceux liés au Beverley et la phrase conclusive de Mischkind, qui sert d’introduction à cet article. Les autres, c’est plutôt du réchauffé mais cela servira de « piqure de rappel ».

Bonne écoute et à bientôt.

mercredi 7 août 2024

TOP Autres réalisateurs

Petite capsule en vue d’aborder quelques autres réalisateurs, après les « mastodontes » déjà évoqués (Leroi, Lansac, Tranbaree et Kikoïne).



Il sera très difficile d’établir un « Top 5 » ou même un « Top 3 » de Michel Barny (Didier Philippe-Gérard) pour la simple et bonne raison que… le nombre de films qu’il a réalisé lors de la « parenthèse enchantée » du X français se compte sur les doigts d’une main (il se rattrapera en vidéo pour Marc Dorcel). Il a toutefois à son actif un véritable indispensable du genre : Mes nuits avec... Alice, Pénélope, Arnold, Maude et Richard, décalque porno de La grande bouffe, doté d’une grande esthétique et de quelques scènes fortes, écrit par Lansac, produit par Leroi et monté par Kikoïne (qui dit mieux ?). Délires porno, qui s’inspire lui du Magnifique avec Belmondo, vaut également le coup d’œil.

Oh, juste un doigt... Mais vous ne voulez pas un whisky d'abord ?
(Richard Allan et Véronique Monod dans Mes nuits avec...)

Mais non, j'ai pas cette tronche-là, en vrai !
(Dawn Cumming dans Délires porno)

Jean-Claude Roy (1933-2018), réalisateur s’étant rapidement orienté vers l’érotisme puis la pornographie, a tourné sous le pseudonyme de Patrick Aubin de nombreux films X entre 1976 et 1985, ce qui en fait l’un des cinéastes les plus prolifiques de cette période. Une filmographie hélas avare en œuvres marquantes. Honnête artisan et professionnel appliqué, sa photographie était toujours soignée mais un manque flagrant d’ambition et surtout de folie (mis à part, dans une certaine mesure, pour le drolatique Les zizis en folie) ainsi que des ébats routiniers et conventionnels font que ça ne « décolle » jamais vraiment. Le voyeurisme est l’un des thèmes récurrents de son cinéma et ses scénarios sont souvent inspirés de grands classiques du 7ème Art : Fenêtre sur cour, Le crime était presque parfait, Belle de jour… Et comme chez Tranbaree, ses personnages évoluent généralement dans un milieu bourgeois oisif. Voilà, c’est ça, Aubin : un Tranbaree en moins spectaculaire. Je creuserai davantage prochainement sa filmographie, ses films n’ayant pas tous été réédités en DVD par Blue One. En attendant, si on est magnanime, on sauvera éventuellement le classieux Couple cherche esclaves sexuels (variation sur le thème de The Servant) et les sympatoches Initiation à l’échangisme (pour sa crédible reconstitution du milieu libertin) et Lingeries intimes (avec la toujours excentrique Catherine Ringer).

Plus on est de fous, plus on rit...
(Hubert Géral, Brigitte Lahaie, Nicole Velna et Alban Ceray dans Couple cherche esclaves sexuels)

Vous me dites si j'dérange...
(Jacques Gatteau, Karine Gambier et Deborah dans Initiation à l'échangisme)

Elle veut participer aussi ?
(Dominique Saint Claire, Catherine Ringer et Christian Loussert dans Lingeries intimes)

Michel Jean, enfin. Soit Michael Goritschnig, un réalisateur allemand sur lequel on aura bien du mal à trouver des informations. Une poignée de films dans la première moitié des années 80, tous avec Richard Allan et/ou Alban Ceray. Nos « deux gars » s’en donnent à cœur joie et ils sont sacrément gâtés en termes de partenaires féminines, toutes plus craquantes les unes que les autres. Tournages à Paris, castings franco-allemands, scénarios de comédie ou de polar. La réalisation fait penser aux comédies françaises de la même époque, type Veber / Zidi. Et le hard devient de plus en plus hard (j’y reviendrai). Plus « clinique » aussi, peut-être. Et pour les looks et les musiques, aucun doute : nous sommes bien dans les clinquantes années 80. Retenons Hôtesses très spéciales (ou A pleins sexes) et sa suite La chatte aux trésors (ou Diamond baby) ou encore Fantasmes de femmes (ou Doigt vicieux, culottes déchirées).

Bon, Médor, tu nous laisse, j'ai à faire avec Alban...
(Marilyn Jess, Alban Ceray et Malko dans Diamond baby)

Il est gros mon pistolet, hein ? J'en ai un autre si tu veux...
(Jacques Gatteau, Laura Clair et Alban Ceray dans A pleins sexes)

C'est pas fait pour ça à la base mais j'ai que ça sous la main...
(Karine Hornel dans Fantasmes de femmes)

mardi 6 août 2024

TOP 5 GERARD KIKOÏNE


Gérard Kikoïne (né en 1946), surnommé « Kiko » ou « La Légende », est certainement le plus connu des réalisateurs français de ce genre très confidentiel, l’un des derniers (avec Michel Barny / Didier Philippe-Gérard) encore de ce monde et l’un des seuls (avec Francis Leroi) à avoir signé ses films de son nom (sauf à de très rares exceptions près, avec les pseudonymes de « Sacha Nudamko » ou « Alex Bakara »). Un style inimitable et reconnaissable entre mille : réalisation « tape à l’œil », à la limite du gratuit (lumières, plans cassés ou en contre-plongée…), « twists » finaux (et finauds), scènes X intenses et assez poussées pour l’époque (gang-bangs, sodomies…), introductions d’objets divers et variés, post-synchros bruyantes (cris, rires…). Quatre millions d’entrées pour une grosse vingtaine de pornos entre 1977 et 1983, avant passage au « tradi » (le soft Lady Libertine avec Sophie Favier, Dragonard avec Oliver Reed, Docteur Jekyll et M. Hyde avec Anthony Perkins…). Une vie bien remplie. Petit passage en revue au détour de cinq de ses « films d’amour ».


Dans la chaleur de Saint-Tropez / Attention fillettes ! (1982)

Avec : Marilyn Jess, Alban Ceray, Jean-Pierre Armand, Olinka Hardiman, Mika Barthel, Dany Berger, Cathy Ménard, Gil Lagardère, Elodie Delage, Olivier Mathot, Gérard Houda.

Une équipe de tournage d’un film X à Saint-Tropez recherche une nouvelle « starlette » pour leur réalisation. Une membre de l’équipe dépêche l’une de ses amies, qui ne se fait pas prier très longtemps pour accepter ce rôle.

Allo, Papa, Maman, oui tout se passe bien en Bretagne mais il pleut, dommage...

Comment ne pas mentionner ce titre, l’un des plus emblématiques du cinéma X français, ne serait-ce que pour son anthologique scène d’ouverture qui voit Cathy Ménard, pour sa seule scène du film, prodiguer plaisirs buccaux à un couple puis à Jean-Pierre Armand, le corps complètement enseveli sous le sable de la fameuse plage de Pampelonne ? Le « film de vacances » par excellence.


Bourgeoise et… pute (1982)

Avec : Cathy Ménard, Dominique Irissou, Jean-Pierre Armand, Marianne Aubert, Mika Barthel, Eric Dray, Olivia Flores, Hubert Géral, Marilyn Jess, Jacques Marbeuf, Marc Winandy, Gilbert Servien.

La sage Muriel enterre sa sœur jumelle, la dépravée Sandra. Héritant de son appartement, elle va glisser ses pas dans ceux de la défunte et découvrir un monde de débauche et de luxure. Mais… et si Muriel et Sandra ne faisaient qu’une ?

Jipé, elle est prête, ça va être à toi...

L’autre grand rôle de la resplendissante brune aux yeux azur Cathy Ménard, avec celui de L’initiation d’une femme mariée de Tranbaree, injustement négligée par une jaquette ô combien mensongère (je n’avais même pas remarqué la présence de Marilyn dans ce film, c’est dire !). Après (ou avant ?) celui du fidèle assistant à accent marseillais Eddy de Dans la chaleur de Saint-Tropez, Jean-Pierre Armand campe un autre personnage atypique en la personne d’un concierge bègue et équipé d’une prothèse manuelle en forme de crochet.


Parties fines / Indécences 1930 (1977)

Avec : Maude Carolle, Brigitte Lahaie, Patrice Chéron, Jacques Gatteau, Alban Ceray, Sylvie Dessartre, Guy Royer, Michèle d'Agro, Richard Bigotini, Chantal Juin.

France des années 30. Pendant que son mari la trompe et se livre à des plaisirs sadomasochistes avec sa maitresse, une bourgeoise guindée et sa bonne reçoivent la visite inopinée du frère quasi aveugle de cette dernière et de l’inquiétant Monsieur Finch. Celui-ci, nourrissant une certaine hostilité envers les femmes et la haute bourgeoisie, ne va pas tarder à faire du grabuge.

Alban Ceray et Jacques Gatteau : enfin un film où on n'est pas que des « bites » !

Dès son premier essai, tourné chez Séguéla (!), Gégé signe un classique du genre, audacieux et irrévérencieux, fidèle à sa fibre anarchisante. Les acteurs et actrices furent tout heureux d’interpréter de vrais personnages, en particulier Jacques Gatteau en accordéoniste (très) malvoyant et Alban Ceray dans le rôle du redoutable « Monsieur Finch ». Après deux ou trois autres films dans cette veine, Kikoïne se dirigera vers une pornographie plus axée sur le pur divertissement et la recherche formelle, lui qui prenait le X comme un terrain de jeux et d’expérimentations.


L’infirmière / Entrechattes (1978)

Avec : Agnès Lemercier, Marie-Dominique Cabanne, Gilbert Servien, Patrice Chéron, Joël Charvier, Michèle d'Agro, Jean-Louis Vattier, Dominique Aveline, Hervé Amalou, Daniel Bellus, Guy Bonnafoux, Nathalie Perrey, Lucette Gill, Alban Ceray, Marion Schultz.

Ange est une infirmière bien particulière : elle tue de vieux et riches patients par jouissance sexuelle à la demande de leur femme afin de toucher l’héritage. Sa nouvelle mission l’emmène chez une famille soucieuse de se débarrasser d’un patriarche acariâtre. Mais rien ne va se passer comme prévu.

Basic Instinct avant l'heure... sans le pic à glace...

Autre Kikoïne « auteurisant » avec de la « matière » scénaristique, L’infirmière voit la remarquable Agnès Lemercier incarner une infirmière hautaine semant la mort sur son passage, sorte de tueuse à gages médicale. Le récit est à nouveau l’occasion d’un réquisitoire implacable contre les conventions bourgeoises, dans le pur esprit libertaire post-68.


Chaudes adolescentes / Ballets roses (1981)

Avec : Marilyn Jess, Alban Ceray, Sophie Duflot, Jane Baker, Laura Clair, Gil Lagardère, Jean-Pierre Armand, Dominique Aveline, Franck Rozenbaum.

Une jeune fille voit d’un mauvais œil le futur mariage de son père avec sa nouvelle conquête. Elle va échafauder un plan pour faire capoter cette union.

Il a raison Chichi, c'est bon, les pommes...

J’aurai pu choisir le spectaculaire Bordel pour femmes mais il s’agit d’une co-réalisation et j’en toucherai un mot ailleurs. Chaudes adolescentes (pardon pour la jaquette, je n’ai pas trouvé mieux…), malgré (ou grâce à ?) une histoire un poil torturée et peu claire, se pose tout de même un peu là. Pour la fameuse scène de l’aspirateur avec Sophie Duflot, bien évidemment, mais aussi celle où elle « harde » pour la première fois avec Alban Ceray, ne nécessitant aucune intervention du réalisateur. Et parce que Marilyn Jess et Jane Baker provoquent des orgasmes visuels à chacune de leur apparition ou presque.