Et voilà, pour la vague de rééditions DVD
des « grands classiques » Alpha France par Blue One, c’est terminé.
Et comment mieux finir en beauté qu’avec deux des meilleurs Tranbaree ? A
l’instar de Claude François, il s’est arrêté quand il commençait à s’améliorer.
Sauf que contrairement au chanteur… survolté (sic) à la voix de porte qui
grince, c’est de son plein gré qu’il mit un terme à ses productions
pornographiques, en grande partie en raison du SIDA naissant. Deux
films-sommes, aux castings pléthoriques et qui abordent de nombreux thèmes phares
de la sexualité / pornographie : l’initiation, le fétichisme, le
libertinage, le voyeurisme. Coup de projecteur.
L’initiation d’une femme mariée (1983)
Avec : Cathy Ménard (Babeth), Richard Allan (Simon), Elisabeth Buré (Victoria), France Lomay (Brigitte, la tenancière du club échangiste, rôle non hard), Piotr Stanislas (le baron), Marie-Christine Chireix (Dominique, la secrétaire de Simon), Alban Ceray, Evelyne Lang, Carole Piérac, André Kay, Claude Valmont, Vic Samama, Alain L’Yle, Carole L’Yle (des échangistes), Cathy Stewart (Christiane).
L’initiation d’une femme mariée n’est pas le dernier film pornographique français tourné en 35mm. Mais c’est le dernier film X du prolifique Claude Bernard-Aubert (Burd Tranbaree) et il est considéré comme étant le dernier « grand film » du genre, signant de facto la fin de son « âge d’or » (1975-1983). Est-ce un hasard s’il est sorti la même année, en 1983 donc, que l’avènement du funeste « tournant de la rigueur » (une soi-disant « parenthèse » qui ne s’est jamais refermée depuis) ? Il peut m’arriver d’avoir l’âme « complotiste » mais oui, la pornographie ne revêtant aucun enjeu (géo)politique majeur, il s’agit d’une simple coïncidence tout juste bonne à nous faire détester davantage encore cette maudite année charnière, rien de plus. Mais revenons à nos moutons. Pour son dernier tour de piste, l’ami Burd a mis les petits plats dans les grands et s’est surpassé. Alors oui, c’est comme bien souvent avec lui du cul quasi non-stop (mais s’inscrivant toutefois dans une trame narrative) rythmé par les bandes-son de son fidèle compositeur Alain Goraguer (sous pseudo Paul Vernon), arrangeur pour Gainsbourg et Ferrat (y’a pire, non ?). Bien sûr, cet exubérant étalage de chair nue et cette suite quasi ininterrompue de coïts en tout genre pourront paraitre à certains aussi indigestes qu’un Kouglof mais il faut le voir comme une troupe faisant ses adieux à la scène lors d’une ultime représentation. L’époustouflante Cathy Ménard au regard bleu azur trouve là son plus grand rôle avec celui du Bourgeoise et… pute de Kikoïne. Elle est Babeth, une femme qui s’ennuie et peu portée sur les choses du sexe. Au grand dam de son mari Simon (Richard Allan) qui lui a une libido débordante et qui ne manque pas d’exprimer sa frustration devant cet état de fait (« La vie idéale, c’est la vie de la poêle à frire : le cul au chaud, le ventre plein et la queue dans la main de la cuisinière ! », réplique « masterclass »). Il la trompe (avec sa secrétaire, une voisine, bref, avec tout ce qui traine…), elle le suit, l’espionne et… ça l’excite. Dès lors, elle va peu à peu se laisser convaincre par son époux d’emprunter le chemin du plaisir en mettant un peu de « piment » dans leur vie sexuelle. Ces jeux les mèneront au Bois de Boulogne, où elle joue à la pute et lui au client, à une partie à trois avec une autre femme (cette infatigable travailleuse qu’est Elisabeth Buré) et jusque dans des fêtes échangistes. Une valeur quasi documentaire puisque ces lieux de débauche frénétique ont existé et existent probablement toujours. Cathy Ménard nous gratifie de sa première (seule ?) sodomie à l’écran, avec Allan, lors de la soirée masquée finale. Babeth et Simon finiront par organiser eux-mêmes des parties fines à leur domicile. On n’est jamais aussi mieux servi que par soi-même. Et puis ça évite les transports et les embouteillages…
Les bas de soie noire
(1981)
Avec : Christina Schwartz (Patricia), Elisabeth Buré (Jeannette, une domestique), Claude Loir (Vincent, le riche châtelain), Guy Royer (Albert, un domestique), Richard Allan (Victor, un domestique), Dominique Saint Claire (Judith), Hélène Shirley (Elisabeth), Hubert Géral (Bernard / un domestique), Dominique Aveline (Bertrand), Cathy Stewart (Julie, une domestique), Nadine Roussial (Françoise, l’amie de Bertrand), Gabriel Pontello (Jean-Louis), Mika Barthel, Laura Clair, Cyril Val et Piotr Stanislas (les invités).
Autre super-production, aux
casting et décors luxueux, Les bas de soie noire est également un classique du
genre par la multitude de thèmes qu’il brasse : l’initiation sexuelle
d’une jeune femme, le fétichisme (lié aux bas de soie noire, comme l’indique le
titre), le voyeurisme, le libertinage, les domestiques… Et influent avec ça, la
leçon sera retenue par Jean Rollin et Marc Dorcel pour leur Parfum de Mathilde
de 1994 tourné en vidéo (avec Draghixa et Julia Chanel). La jeune Patricia
(Christina Schwartz) arrive au château de Vincent (Claude Loir), chargé par la
mère de celle-ci de parfaire l’éducation de sa fille. Les domestiques mettront « la
main à la pâte ». Parallèlement, le château accueille des couples pour des
soirées libertines où les bas de soie noire sont mis à l’honneur. Patricia sera
dans un premier temps voyeuse, grâce aux miroirs sans tain et trous dans les
murs, avant de participer elle-même à ces ébats. Le casting est pléthorique, en
dehors de Marilyn Jess, Alban Ceray et Jean-Pierre Armand (qui sont plutôt
« Team Kikoïne »), « ils sont venus, ils sont tous
là » : Buré, Saint Claire, Shirley, Stewart, Roussial, Barthel, Clair
chez les dames (le charme français dans toute sa splendeur), Allan, Royer,
Aveline, Pontello, Géral, Stanislas, Val chez les messieurs. Thèmes aidants, il
y a un peu plus de mise en ambiance érotique que d’habitude et la bande-son
offre une belle alternance entre mélopées au piano et jams guitaristiques ou
séquences reggae plus enjouées. Parmi les scènes notables, celle où Schwartz se
voit offrir pour le petit-déjeuner… trois queues (Allan, Royer et Géral). Il
faut bien que le « métier » rentre, c’est en forgeant qu’on devient
forgeronne… Et la double pénétration de Mika par Géral et Stanislas. Cette
dernière illumine l’écran de sa sensualité et sa féminité explosive, de même
que Dominique Saint Claire. Nadine Roussial se fait un peu prier au début
(« Je ne suis pas fétichiste ») avant de « les vouloir
tous ». Et tout finit comme à chaque fois ou presque par une partouze
réunissant aussi bien invité(e)s que domestiques. La caméra de Tranbaree
papillonne de « fleurs en fleurs », en plan rapproché, dans un
maelström sonore où s’entrechoquent tous les thèmes musicaux. Encore de la
belle ouvrage.
En résumé, en conclusion, deux « masterpieces » de Tranbaree et du X français, à posséder absolument.