samedi 8 mars 2025

Frédéric Lansac Cinéaste sous X

 

Le Kikobook de Gégé Kikoïne, c’est 100 balles minimum (et ça monte jusqu’à plusieurs centaines ! Mais je l'aurai un jour, je l'aurai...) mais ce Frédéric Lansac Cinéaste sous X, à 16 euros port compris, ça ne se refuse pas. Et à vrai dire, ça ne vaut pas plus. Petit format (15/21), 207 pages dont, à vue d’œil, près de la moitié de photos (parfois de nu et explicites mais jamais « hard »), se lit d’une traite. Ecrit par Christian Valor, spécialiste du « cinéma bis » et rédacteur sur le site Psychovision.


Frédéric Lansac, donc, pseudonyme de Claude Mulot (1942-1986). Personnage mystérieux mais brillant et visiblement adorable. Pote avec le gratin du showbiz des années 70 (Carlos, Johnny, Sardou… dont certains n’avaient jamais vu ses films) et « tombé dans le X » par accident. C’est le producteur Francis Mischkind (FFCM / Alpha France, désormais Blue One) qui le contraint d’intégrer du hard dans Le sexe qui parle (il ne savait même pas ce que c’était !). Et il ne l’assuma jamais vraiment, veillant par le pseudonyme de Frédéric Lansac notamment, à cacher sa véritable identité pour ne pas se fermer d’autres portes. Il délégua d’ailleurs très vite le tournage des scènes X, qui ne l’intéressaient pas, voire le dégoutaient (plus par pudeur que par puritanisme), à Didier Philippe-Gérard alias Michel Barny, qui n’était autre que son beau-frère (les deux hommes sont indissociables). Son truc à lui, c’était la comédie, le thriller, le fantastique (genres qu’il embrassera avant ou après sa carrière dans le porno) et surtout, l’écriture. Mais puisque le X cartonnait à l’époque, allons-y pour le X… De fait, il écrira et/ou réalisera quelques-uns des meilleurs films de ce genre honni et ingrat. De vrais films avec scénario et de beaux castings, dans lesquels il insufflera sa verve humoristique et cynique. Les scènes hard, par contre, ne brillent pas par leur originalité ou leur perversité, sauf en de rares occasions (la fellation sur le gendarme et la sodomie de Marie-Christine Guennec dans Extases extra-conjugales ou le premier gang-bang français de l’histoire dans Mes nuits avec…). Il n’était d’ailleurs guère friand des gros plans gynécologiques (« Moins on en montre, plus c’est bandant »). C’est sur cette filmographie quasi parfaite, à conseiller même aux non-amateurs du genre, que ce bouquin se propose de revenir (une poignée de pages par film), à savoir :

- Films écrits et réalisés par Frédéric Lansac : Le sexe qui parle, Shocking / La dernière nuit, Extases extra-conjugales / Blue ecstasy, Echanges de partenaires, Belles d'un soir / Suprêmes jouissances, La grande baise, Le sexe qui parle 2, Les petites écolières, La femme-objet ;

- Films écrits par Frédéric Lansac et réalisés par Michel Barny : Mes nuits avec… Alice, Pénélope, Arnold, Maud et Richard, Perversions pornos ;

- Films écrits par Frédéric Lansac et réalisés par Gérard Kikoïne : L’infirmière / Entrechattes, Jouir ! / Contraintes par corps / 2 sœurs lubriques, Les délices du tossing.

Chaque film est présenté avec sa fiche technique et quelques rares anecdotes de tournages rapportées d’interviews ou de livres de protagonistes de l’époque encore de ce monde (Barny et Kikoïne, Mischkind, les acteurs Richard Allan, Brigitte Lahaie, Marilyn Jess…). Il est surtout l’occasion de présenter ses principaux acteurs. Beaucoup de choses que je savais déjà (le parcours de Richard Allan, le caractère volcanique et la reconversion de Sylvia Bourdon…) mais aussi des découvertes (Marianne Aubert serait hélas décédée au début des années 2000) ou des éclaircissements (la poitrine de Marie-Christine Guennec, malgré les apparences, serait naturelle et Guy Royer serait décédé en 2005 à La Réunion après une reconversion dans l’immobilier).

Plus intéressants et surprenants sont par contre, pour chacun des films, la présentation de toutes leurs versions VHS / DVD / Blu-ray existantes (avec nombre, durée et chronométrage des coupes !) et leur résultat au box-office (on constatera, sans étonnement, une érosion constante et progressive, des près de 494 000 entrées du Sexe qui parle en 1975 aux 126 000 péniblement atteints par Les délices du tossing en 1983, ghettoïsation du genre et lassitude du public passé le choc de la nouveauté aidants).

Bons points : très belles photos et bien écrit (contrairement au Marilyn Jess, les films de culte, bourré de « coquilles » ! Heureusement qu’elle me l’a dédicacé…).






A noter que la filmographie non-pornographique du réalisateur des Charnelles a fait l’objet d’un autre ouvrage, Claude Mulot Cinéaste écorché.

vendredi 31 janvier 2025

Les « non sexe »

Nous y voilà. L’heure de « rendre mon tablier ». C’est Jacques Chirac, notre dernier Président (comprendre : « relativement digne de la fonction » et « le contexte historique étant ce qu’il est »), qui avait dit un jour (chose qui lui fût à juste titre reproché) : « Une entreprise, c’est comme un homme, ça naît, ça vit et ça meurt ». Et bien pour les blogs (et tout le reste ou presque, je n’ai pas spécialement étudié la question non plus et d’ailleurs, je m’en cogne), c’est pareil. Enfin, par définition, un blog ne meurt jamais (hors souhait de son auteur de l’effacer de la « toile »), disons qu’il reste « en sommeil ». Seuls certains évènements pourraient en faire sortir le mien, comme la découverte du Kikobook de Gérard Kikoïne, du documentaire L’enfance du hard ou l’envie de chroniquer les quelques Caputo, Rollin, Renzulli ou Lemoine que j’ai encore en réserve, sachant qu’il y a cependant peu d’espoir qu’il s’agisse d’incontournables du genre. Il m’aura donc fallu un an, presque jour pour jour, pour le « torcher », ce blog. Alors oui, je n’ai pas parlé (ou si peu), côté réalisateurs, des pourtant productifs Alain Payet, Claude Pierson ou José Bénazéraf. Ni de L’essayeuse (1975) de Serge Korber, film condamné à être détruit mais dont il reste des négatifs à l’étranger ou des Jouisseuses de Lucien Hustaix qui, en cette même année 1975, ouvrit la « boite de pandore » en jouant les « bouches-trous » (sic) dans la programmation du cinéma de la banlieue lilloise Le Familia. Et je n’ai pas évoqué non plus, par choix et nécessité, l’ensemble des acteurs et actrices de cinéma pornographique de ces années-là mais plus simplement les principaux, me focalisant essentiellement sur les productions Alpha France et la plupart des figures marquantes du genre.

« Les idoles des jeunes sont des porno-stars, voire Pablo Escobar » rappe MC Solaar dans son très bon (car samplant le Love Hangover de la grande Diana Ross) Paradisiaque. Sans aller jusqu’au terme d’« idole » (il est préférable, à mon sens, de ne pas en avoir), il est vrai que j’ai une grande admiration pour celles et ceux qui parviennent, quand bien même les techniciens seraient eux aussi des « copains », à réaliser l’un des actes les plus intimes de l’existence devant une caméra. Ce n’est quand même pas donné à tout le monde. Je préfère, en l’occurrence, celui de « marchand(e)s de rêve » (ou « de bonheur »). Ce blog se veut modestement aussi un hommage à ces protagonistes, qu’ils (et surtout « elles ») soient à jamais remerciés pour leurs prestations et apparitions. Et de même les cinéastes pour leurs réalisations.

Alors pour ce dernier post, m’est venue l’idée de mettre à l’honneur, paradoxalement, quelques visages récurrents de ces productions mais qui ont la particularité de ne pas y « harder », comme on dit. Ou si peu. Souvent âgés (ceci expliquant sans doute cela), parfois doublés pour les scènes X, venant du cinéma traditionnel et abonnés aux rôles secondaires de passants, de professeurs, de flics véreux, de notables ou de « bons » pères de famille. Enfin, je triche un peu, Jacques Marbeuf (qui présente la caractéristique d’être décédé le même jour que… Léo Ferré, celui de la fête nationale en 1993) a plus d’une fois mis « la main à la pâte ». On l’a notamment vu dans le rôle du père incestueux du trouble Adorable Lola de Kikoïne. Avouons, c’eût été dommage de ne pas se faire un peu pomper le dard dans de telles circonstances… Jolie galerie de « gueules », comme le cinéma français en regorge.

Jacques Marbeuf

La filmo

Gilbert Servien

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Olivier Mathot

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Etienne Jaumillot

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Guy Bonnafoux

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Daniel Bellus

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Bon, allez, il est temps de vaquer à d’autres occupations. J’espère que tout ceci vous aura plu et intéressé. Abonnez-vous pour être sûr de ne pas rater une hypothétique future publication et merci d’avoir consacré un peu de votre temps à la lecture de ce blog.

mercredi 29 janvier 2025

Les « queue de comète »

Le pénultième article de ce blog sera consacré à quelques acteurs et actrices porno arrivés dans le X vers la fin de son « âge d’or », c’est-à-dire au début des années 80. Certain(e)s ont d’ailleurs logiquement embrassé par la suite la voie de la vidéo.

André Kay dans La déchaînée (Michel Lemoine, 1987)

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Cathy Dupré dans Couple libéré cherche compagne libérée (Burd Tranbaree, 1982)

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Alain L'Yle dans Initiation d'une jeune marquise (Pierre B. Reinhard, 1987)

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Carole Piérac dans Une épouse à tout faire (Patrick Aubin, 1982)

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Isabelle Brel dans Le pied à terre (Burd Tranbaree, 1981)

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Jacky Arnal dans Voluptés aux Canaries (Michel Lemoine, 1987)

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Eva Kléber dans Fantasmes de femmes (Michel Jean, 1984)

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jeudi 23 janvier 2025

En vrac… (14)

Deux très grands cinéastes qui cassent leur pipe (terme adéquat pour l’un d’eux…) et Donald Trompe qui reprend les rênes des « States » (enfin, ça à la rigueur, je m’en fiche, Dieu merci je ne suis pas américain)… On ne peut pas dire que 2025 débute sous les meilleurs auspices…. Mais faisons fi de la « morosité ambiante » (formule rencontrée de façon récurrente dans les commentaires lambda de la « toile » dès ses balbutiements, c’est dire si elle dure…) et poursuivons notre galerie de portraits du X français « vintage ». Alors, de qui qu’on n’a pas encore parlé ? De ces trois-là. Pas mes préférées, ni les plus marquantes, loin s’en faut. Mais suffisamment d’apparitions (et d’importance) pour qu’on ne puisse faire l’impasse sur leur évocation. Par contre, là encore, aucune info, à part certaines dates et lieux de naissance : nibe, que dalle, nada, peau d’zob… On se contentera donc des images, ce qui est bien l’essentiel, me direz-vous…  

Barbara Moose (4 août 1955)

Gamine en chaleur (Jean Rollin, 1979)

Remplissez-moi ! (Jean Rollin, 1979)

La vorace (Alan Vydra, 1981)


Céline Gallone (25 juin 1958, Paris)

Les petites écolières (Frédéric Lansac, 1980)

Les bons coups (Burd Tranbaree, 1979)

Pénétrations spéciales (Michel Caputo, 1978)


Elodie Delage (8 juillet 1960, Paris)

L'innocence pervertie (Patrick Aubin, 1981)

Les petites écolières (Frédéric Lansac, 1980)

Les patientes du gynécologue (Michel Jean, 1984)

dimanche 19 janvier 2025

Les pionnières

Deux actrices fort peu croisées sur ces pages mais dont il faut néanmoins toucher un mot étant donné leur statut dans ce milieu. Des parcours singuliers, des vies bien… remplies (sic), deux femmes au caractère (et au sexe 😄) bien trempé.

Claudine Beccarie

Née le 14 juin 1945 à Créteil, Claudine Beccarie aura eu une existence pré-porno pour le moins chaotique : fugue à 15 ans, quatre années passées dans une maison de redressement, mariage puis divorce deux ans plus tard et enfin prostitution au futur-ex (ou ex-futur ? On ne sait plus, à force…) pays de notre (espérons-le, intérimaire) ministre des Outre-mer. Après quelques rôles de figurante (notamment dans Le Grand Blond avec une chaussure noire d'Yves Robert), elle épouse la vague du cinéma érotique et pornographique qui déferle sur la France après l’élection de Valéry Giscard « c’est ton destin », celui-ci mettant fin à la censure Pompidolienne. Le succès d’Exhibition de Jean-François Davy en 1975, dont elle est l’actrice principale (mémorable scène de masturbation), en fait une vedette du genre. Qui lui ouvrira d’autres portes, comme la scène d’introduction (sic) du redoutablement excellent Calmos de Bertrand Blier. Vient alors 1978 et l’heure de tourner la page en passant à tout autre chose : un élevage d’oies en Bretagne !

Les pornocrates (Jean-François Davy, 1976)

Exhibition (Jean-François Davy, 1975)


Sylvia Bourdon

Bien que née le 29 janvier 1949 à Cologne, la provocante Sylvia Bourdon est bien de nationalité française. Elle fit ses débuts dans la pornographie via des « loops » clandestins aux Pays-Bas. On la voit notamment dans deux très bons Frédéric Lansac, alias Claude Mulot : le classique Le sexe qui parle, dans lequel elle interprète une artiste peintre de nus masculins et Extases extra-conjugales, où elle prépare pour son mari sodomite l’intimité anale de Marie-Christine Guennec avec des rondelles de concombre, avant d’utiliser comme gode l’autre moitié de la cucurbitacée. C’est elle qui découvre Richard Allan et ses formidables « aptitudes » lors d’une « soirée » (une partouze, quoi) et lui permet d’intégrer le métier par le biais des romans-photos. La reconversion, dès 1978, est riche : fondation de la première galerie d’art érotique européenne à Paris (1978), engagement en faveur de la « monnaie unique » (« inique », ça marche aussi…) européenne (1985), développement économique de la Grèce (1998) et carrière de « business-woman » au profit des PME françaises à l’international (2006). Un beau parcours au sein des « zélites mondialisées », comme dirait Eric Zemmourroïdes, le gringalet héraut des droitards masculino-virilistes. Qu’ils se couvrent bien, lui et les affreux jojos qui l’accompagneront ce 20 janvier à Washington, on annonce un froid polaire…

La soubrette perverse (José Bénazéraf, 1975)

Le sexe qui parle (Frédéric Lansac, 1975)